Le piano descend du clavicorde (ancêtre direct), qui est un instrument dont les cordes ont toutes le même diamètre. Il est peu sonore, et a un toucher très léger. C’est un instrument de travail.
Il existe deux sortes de clavicordes :
Clavicorde libre : une corde par note.
Clavicorde lié (Renaissance, époque Baroque) : plusieurs crampons (ancêtres des marteaux) frappent une même corde à différents endroits (il y a donc une corde pour plusieurs notes) mais cela pose problème pour la polyphonie.
En 1698, Cristofori (facteur de clavecin) construit le premier pianoforte, il remplace la mécanique du clavecin (cordes pincées par des sautereaux) par une mécanique à cordes frappées par des marteaux.
Les premiers facteurs de piano sont également des facteurs de clavecin réputés, et le clavecin reste souvent leur activité principale (Silbermann, Erard)
On pense souvent que le piano descend du clavecin par leur forme semblable. Mais Cristofori met en place dès le début, les bases de l’instrument (étouffoirs, échappement, marteaux…), qui en fait bien un instrument différent du clavecin.
Au début, le piano ne portait même pas de nom (cembalo con martoletti). Il a ensuite été baptisé « pianoforte » car c’est un instrument sur lequel on peut à la fois jouer « doux » et « fort », contrairement au clavecin.
Quatre périodes principales dans la facture du piano
I- 1700-1800
Premier pianoforte en 1698 par Cristofori (mécanique à cordes frappées qui permet de jouer piano et forte, contrairement à la mécanique à cordes pincées du clavecin)
Remplacement progressif du clavecin par le pianoforte.
Apparition des premières écoles de facture (allemande, italienne, française…).
Période des pionniers : Cristofori (italien, créateur du pianoforte), Silbermann (allemand), Zumpe (élève de Silbermann, émigre en Angleterre, permet l’enrichissement de la culture anglaise), Broadwood (anglais), Shudi (anglais)…
Les marteaux sont très fins, il n’y a pas de feutre (cuir, carton bouilli, tissu), mais le son est assez homogène.
II- 1800-1850
Explosion des innovations, des grandes découvertes et des améliorations, en lien avec le développement de l’ère industrielle.
Les grandes inventions se sont faites à ce moment-là. Dans les années qui vont suivre, ce ne seront que des améliorations. Quelques exemples :
1822 – Double échappement – ERARD ;
1826 – Marteaux en feutre – PAPE ;
1826 – Brevet mécanique du piano droit – WORNUM
1828 – Cordes croisées piano droit – PAPE
1843 – Cadre en fonte moulé d’une seule pièce (piano à queue) – CHICKERING
Naissance de grandes factures (par exemple en France, PLEYEL commence en 1807, PAPE en 1815, GAVEAU en 1847)
III- 1850-1920
C’est la révolution industrielle. Dans le piano, c’est la période de passage entre la facture du piano et l’industrie du piano (le plus représentatif, naissance de Yamaha (fabrication en série) en 1887). Par exemple, la fabrication du cadre en fonte est possible seulement par l’industrie.
IV- 1920 à nos jours
Evolution des matériaux et des méthodes de fabrication (utilisation des machines à commandes numériques, optimisation du son permise par l’évolution des technologies acoustiques entre autres), au fur et à mesure des avancées technologiques. Malgré l’utilisation des techniques modernes, la préservation du côté artisanal reste très importante dans de nombreuses factures.
Le carbone est de plus en plus utilisé, par exemple la mécanique en fibre de carbone : KAWAI l’utilise beaucoup pour ses pianos, et quelques facteurs de piano, François-Jérôme VINCENT notamment, les montent sur des pianos déjà existants.
Une autre grande invention du XXè siècle est le système silencieux, inventé dans les années 90 par Yamaha. Le piano est muni de capteurs, installés sous le clavier et les pédales. En mode silencieux, les marteaux sont bloqués par une barre de butée avant qu’ils ne frappent les cordes, et les mouvements des touches sont mesurés par des capteurs. Cela permet de jouer avec un casque (donc sans déranger son entourage) tout en conservant en grande partie le toucher du piano acoustique.
Le dernier fabricant de piano, en France, se nomme Stephen Paulello. Il révolutionne la facture du piano en remettant en question toutes les idées reçues et en cherchant à aller toujours plus loin dans la complexité et la richesse du son. Ses pianos sont des instruments exceptionnels, à apprivoiser.